Comment raconter avec authenticité des histoires venues de Syrie ? Est-ce que des anciens prisonniers peuvent révéler leurs sentiments les plus profonds à un étranger ?
La cinéaste jordanienne Dalia Kury a cherché une solution. Pour Privacy of Wounds, elle a reconstitué une cellule de prison dans une cave à Oslo, dans laquelle trois anciens détenus syriens ont accepté de s’enfermer. Ils y ont passé trois jours à échanger leur expérience passée de détention en Syrie, constamment filmés par des caméras sans opérateurs. Ils racontent leurs plus effroyables souvenirs : la mort de leurs co-détenus, les techniques de tortures, le sentiment grandissant d’abandon… Mais sans lamentation. Ces hommes ont été dans le même bateau, ils n’ont pas besoin de s’expliquer certaines choses. Ce qui compte le plus, ce n’est pas tellement les événements eux-mêmes, mais comment ils les ont traversés. Ils l’expriment par la poésie, l’humour, des débats politiques ou des anecdotes personnelles. C’est dans cette intimité faite d’expériences partagées que Dalia Kury trouve l’authenticité qu’elle cherchait.